Coralie Delaume, l’exigence singulière

Article publié originellement dans Marianne le 15/12/2020 – Auteur : Emmanuel Maurel

Emmanuel Maurel, député européen, fondateur de la Gauche républicaine et socialiste, rend hommage à Coralie Delaume, disparue ce mardi 15 décembre.

Coralie Delaume n’aurait souhaité qu’une chose. Qu’on la lise plutôt qu’on la pleure. Car elle était de ceux qui prennent la vie de l’esprit au sérieux. Et qui pensent que la vérité d’un être est avant tout dans ses œuvres et dans ses combats. Cette ancienne militaire avait la dent dure et le goût de la castagne. Mais elle savait que le ring a ses règles : les coups bas sont proscrits. Il faut savoir savater avec style. Elle n’aura donc jamais versé dans la vocifération qui accompagne trop souvent la controverse : elle savait que les arguments et les faits font bien plus mal que les anathèmes simplistes et les approximations bruyantes.

Perfectionnisme

D’où cette aspiration à l’exhaustivité qui la freinait parfois. Coralie n’envisageait pas d’écrire sur un sujet sans le maîtriser pleinement. Ce perfectionnisme aboutissait à des situations cocasses : il fallait se mettre à plusieurs pour la convaincre qu’il n’est pas forcément nécessaire d’avoir lu cent livres pour nourrir un article ou un post Facebook.

Mais, au fond, cette exigence singulière était à la hauteur de ses dilections. Elle avait la passion de la France, et se désespérait de la voir moins grande qu’elle la rêvait. Elle voulait que la République soit conforme à sa promesse, et ne tolérait pas qu’on en parle médiocrement, ni qu’on la dénigre, ni qu’on la dédaigne.

Ses derniers textes sont inédits. Il est temps de les publier.